Imaginons une partie de boules dans l'Espace. Comment jouerait-on à la pétanque en apesanteur ? Il serait intéressant d'imaginer une partie autour d'un trou noir. Un trou noir est un objet à la densité infinie mais un objet sans dimension. Autrement dit il est tout riquiqui. C'est parfait ça. Oui, c'est vraiment parfait ça. C'est vraiment parfait un trou noir tout riquiqui. C'est parfait comme cochon, comme cochonnet. On l'appelle d'ailleurs, mais plus rarement : kiki. Le cochonnet, le but, ou Jack en anglais, on l'appelle aussi kiki. Que l'on soit astronaute, astrophysicien, limonadier, professeur d'anglais, équipier chez McDonald, président de la République ou sans profession : l'été, on joue à la pétanque. Et on rêve de toucher kiki.
Le jeu consisterait à rapprocher ses boules assez près du trou noir mais pas trop. Juste au bord du rayon de Schwarzschild, cette limite au-delà de laquelle le cochon dévore tout. Mieux : le jeu pourrait consister à approcher ses boules au plus près du trou sans jamais se faire capter par lui, en filant tout droit, en échappant à sa gravité monstre, à son avidité infinie, en lui tirant la langue, en profitant de sa vitesse folle de rotation ou plus précisément de la vitesse tangentielle folle de son horizon, proche de celle de la lumière, pour filer encore plus vite.
Tout objet qui acquiert une certaine vitesse la conserve dans le vide, dit la loi, et ceci à l'infini. Nos boules partiront très loin, c'est le cas de le dire, nos boules partiront très très loin, nos boules partiront très très très très loin, c'est le cas de le dire, nos boules partiront là où rien n'est jamais allé. Nos boules voyageront à l'infini. Elles auront même l'occasion de changer de forme si l'on en croit la théorie de Boltzmann, Ludwig Boltzmann (Physicien autrichien, 1844-1906). Oui, si nos boules voyage assez longtemps, dit Boltzmann, si nos boules voyages assez longtemps, leurs atomes auront probablement l'occasion de se réorganiser d'eux-mêmes, soudainement, leurs atomes auront probablement l'occasion de se réorganiser d'eux-mêmes et de prendre une autre forme, y compris une forme vivante, y compris une forme de vie consciente ; on nomme cela un cerveau de Boltzmann.
« Le multivers à la Boltzmann est le plus simple à envisager, expliquent Tobias Hürter et Max Rauner dans leur livres Les Univers parallèles (du géocentrisme au multivers) : partout règnent les mêmes lois de la nature, seule la disposition des particules varie selon la loi du hasard. Parce que l'espace est infiniment grand, le hasard le plus incroyable survient également un jour quelque part. Cela pourrait être par exemple ce livre qui vous saute spontanément des mains dans l'instant et s'enfuit sur ses pages, si les mouvements thermiques de ses atomes coïncident par hasard. Ou bien imaginez que les atomes dans votre chambre forment spontanément une entité consciente. Peut-être faite de silicium, peut-être de chair et de sang. C'est extrêmement improbable, mais pas contraire aux lois de la nature. Les cosmologistes appellent cerveaux de Boltzmann de telles créations.
« Ne vous préparez pas tout de suite à l'arrivée d'un interlocuteur inattendu, car vous devrez probablement attendre quelques billions d'années le prochain cerveau de Boltzmann à proximité de vous. Ou voyager très loin jusqu'à un lieu situé bien au-delà de l'Univers visible. Mais il n'est pas exclu que vous soyez vous- même un cerveau de Boltzmann, surgi il y a une seconde du désordre des atomes, avec un faux sauvenir de votre vie jusqu'alors. "J'espère que nous ne nous sommes pas des cerveaux de Boltzmann, dit Alexander Vilenkin, mais c'est difficile à prouver." Boltzmann non plus ne croyait pas que notre Univers se soit matérialisé tout prêt hors du bouillonnement cosmique. Mais il croyait qu'il provenait d'un caprice de la statistique : une île d'ordre dans le chaos cosmique. Et parce que dans le cosmos infini régi par le hasard rien ne reste un cas isolé, notre île ne peut pas être la seule. Il doit exister une abondance de vie là-bas, à l'extérieur, Boltzmann en était sûr, sans avoir jamais jeté un coup d'oeil dans un télescope. [...]
« Boltzmann lui-même ne semblait manifestement pas convaincu par ses propres constructions mentales. Personne, écrivit-il, "ne tiendrait de telles spéculations pour des découvertes importantes ou même, comme le faisaient probablement les philosophes antiques, pour le but le plus élevé de la science." Mais il ajoutait : "Qui sait si elles n'élargissent pas quand même l'horizon de notre cercle d'idées et si, en augmentant la mobilité de la pensée, elles n'encouragent pas également la connaissance des choses pouvant être prouvées." Les mondes au-delà du nôtre se trouvent hors de portée de la science, pensait Boltzmann. Mais il était intellectuellement trop en avance sur son temps pour s'y adapter. Atomes et extraterrestres, voilà qui était trop osé pour nombre de ses collègues physiciens. La vision du monde de Boltzmann s'éteignit avec lui, lorsqu'il se pendit au cours de l'été 1906. »
Si elles voyagent assez longtemps, nos boules pourraient se transformer en girafe, en valise, en crême glacée, en fusée, en poète, ou même en Boltzmann, oui, nos boules, oui, nos boules, après un long voyage, nos boules se transformeraient soudain, oui, oui, après un très long voyage, nos boules se transformeraient soudain et, oui, nos boules soudain, après un très très très long voyage, se transformeraient en Boltzmann ou en une poêle ou en un monstre infâme qui n'aurait rien à envier aux pires créatures du multivers Marvel de type Sangsue Psychique Malebranchienne, oui nos boules, nos boules se transformeraient, se métamorphoseraient soudain, ce serait un grand bond pour nos boules, oui un grand bond, ce serait la révolution, oui ce serait la révolution des boules, oui ce serait révolutionnaire ce que nous boules accompliraient dans l'Espace, ce serait révolutionnaire ; vive nos boules ! Et Boltzmann lui-même deviendrait un super-héros quantique qui prendrait pour nom le sobriquet que lui donnait son amoureuse : Mon Doux Trésor Dodu.
Il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse se lever et regarder le ciel, il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse se lever et regarder le ciel et ressentir des choses extraordinaires, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro comme l'écrit David Elbaz dans son livre A la recherche de l'univers invisible (Matière noire, énergie noire, trous noirs) : « L'existence d'une énergie gravitationnelle négative permet d'imaginer que l'univers possède une énergie totale exactement égale à zéro ! L'idée que l'univers puisse ne posséder aucune énergie donne un tout autre sens à la question : "Pourquoi existe-t-il quelque chose plutôt que rien ?" Car finalement, il se peut qu'il n'existe véritablement rien sur le plan énergétique ! », il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro car dans ce zéro il y a vraiment tout un tas de choses, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro car dans ce zéro il y a tout un tas de choses marrantes et tout un tas de choses pas marrantes du tout, il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse penser à ça, qu'un rigolo comme moi puisse regarder le ciel et penser à tout un tas de choses marrantes et de choses pas marrantes du tout, et puisse ressentir des choses extraordinaire, comme si sa peau touchait le ciel, comme si sa peau de rigolo pouvait toucher le ciel, et ressentir tout ça.
Les Français ont l'esprit mal placé. Et je suis bien placé pour le savoir : je suis Français.
Quand nous entendons le mot « boule » nous ne pensons pas forcément aux boules... de pétanque. De la même manière, quand nous avons entendu pour la première en France l'expression « trou noir », nous avons pensé à... enfin bref.
Du coup, le physicien John Weeler ne manqua pas l'occasion de faire cette remarque : « Les trous noirs n'ont pas de poils. »
« John Wheeler introduisit le terme trou noir en 1967, raconte Stephen Hawking dans son livre Dernières nouvelles des trous noirs. [...] Le succès fut immédiat, le nouveau nom suggérant quelque chose de sombre et mystérieux. Les Français, comme il fallait s'y attendre, crurent déceler une signification plus osée. Pendant des années, ils boycottèrent le terme "trou noir", jugé obscène. Mais c'était un peu comme essayer de lutter contre week-end ou d'autres anglicismes. A la fin, ils durent s'incliner. Qui aurait pu résister à un nom pareil ? De l'extérieur, il est impossible de dire ce qu'il y a à l'intérieur d'un trou noir. Vous pouvez jeter des téléviseurs, des bagues en diamant, ou même vos pires ennemis dans un trou noir, les seules informations qu'il vous fournira seront sa masse totale, son moment cinétique et sa charge électrique. John Wheeler est célèbre pour sa formule "un trou noir n'a pas de poils" qui confirma par ailleurs les pires soupçons des Français. »
Cette formule ne serait restée qu'une boutade, dans les annales (si j'ose dire) de la Physique si, 50 ans plus tard, le même Stephen Hawking n'avait pas publié avec ses collègues Malcolm Perry et Andrew Strominger un article intitulé: Soft Hair on Black Holes (Les poils doux des trous noirs).
Alors, question cruciale : les trous noirs ont-ils des poils ?
En tout cas, mon esthéticienne est d'accord (oui, moi aussi, oui moi aussi, oui oui moi aussi, oui oui moi aussi ça m'arrive de prendre soin de moi), mon esthéticienne est d'accord cet article pourrait constituer une véritable révolution.
Les objets entrant dans un trou noir ne disparaitraient plus définitivement "ciao ! goodbye !" mais des informations stockés sur l'horizon des trous noirs, plus précisément sur leurs poils, pourraient servir à les récupérer.
Ses informations seraient stockées sous forme d'hologrammes, si bien que l'objet disparaitrait, mais que son hologramme continuerait à flotter au milieu des poils, dits "doux", ou soft hair. Fascinant. Oui ça c'est sûr, très très fascinant, ah oui, ça c'est sûr, absolument fascinant, ah oui, ah oui, ah oui, aboslument totalement fascinant, je dirais même plus : aboslument totalement fascinant, ah oui ça c'est sûr.
"Comment raser des poils pleins d'hologrammes ?" m'a demandé mon esthéticienne alors que je regardais sur ma tablette la vidéo d'un meeting du politicien Jean-Luc Mélenchon.
"Je ne sais pas, je lui ai dit. Mais Mélenchon a utilisé un hologramme pour être dans deux meetings en même temps lors de la campagne électorale de 2017, le saviez-vous ?"
"Quoi ?! s'est-elle exclamé. Vous croyez que je vais le retrouver dans un de mes pubis ?"
Il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse se lever et regarder le ciel, il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse se lever et regarder le ciel et ressentir des choses extraordinaires, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro car dans ce zéro il y a vraiment tout un tas de choses, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro car dans ce zéro il y a tout un tas de choses marrantes et tout un tas de choses pas marrantes du tout, il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse penser à ça, qu'un rigolo comme moi puisse regarder le ciel et penser à tout un tas de choses marrantes et de choses pas marrantes du tout, et puisse ressentir des choses extraordinaire, comme si sa peau touchait le ciel, comme si sa peau de rigolo pouvait toucher le ciel, et ressentir tout ça, et sentir toutes ces choses vibrer là ce matin dans le ciel dans la lumière, toutes ces choses marrantes et pas marrantes, tous ces points de contact avec l'univers, tous ces points qui forment un toit, tous ces points qui forment un tas, tous ces points qui forment un tas de copainscopines, tout ce tas de copainscopines qui vibrent dans le ciel, tous ces copainscopines qui vibrent là ce matin comme si je pouvais toucher leur peau.
Y aurait-il dans la pétanque maltaise (bocci), qui mélange sphères et cylindres, une sorte d'intuition quantique ?
En relisant des documents accumulés pendant les années que j'ai passées à travailler comme médiateur scientifique, je suis tombé sur une photo de la tombe de Boltzmann, à côté de laquelle, j'avais écrit au stylo bic : "Tout peut arriver."
Sur sa tombe, à Vienne, en Autriche, est gravée cette formule : S = k log W
Où k est une constante connue aujourd'hui comme la constante de Boltzmann et W la probabilité que telle disposition physique des atomes puisse exister. Cette formule est moins connue que celle d'Einstein : E=MC2 mais, comme elle, elle a bouleversé irrémédiablement notre représentation du monde et, comme elle aussi, elle peut tenir sur un t-shirt. Ce qui n'est pas le cas de toutes les équations. Prenez par exemple celle de Shrödinger :
C'est tout de suite plus difficile. C'est dommage car cette équation permet de ressusciter un chat, mais ça c'est une autre histoire. Quant à Boltzmann, je ne sais pas si elle lui sera d'une grande aide. Boltzmann s'est pendu le 5 septembre 1906. C'était sa deuxième tentative. Il faut dire que ses collègues le prenaient pour un illuminé. Il a fait plusieurs dépressions, avant de se suicider. Après sa mort, ses découvertes dans le domaine de la physique statistique, dont il est le fondateur, mettront le physicien allemand Max Planck sur la piste des quantas et lui permettront de poser les bases de la physique quantique.
Selon Boltzmann, puisque l'Univers est infiniment grand, tout peut avoir lieu quelque part. Toutes les combinaisons d'atomes sont possibles, pourvu que leurs mouvements thermiques coincident par hasard. C'est ce que décrit sa formule. Rien n'interdit aux atomes d'une boule de pétanque comme à ceux d'une bûchette de chèvre de soudain se réorganiser pour former une entité vivante, voire même une entité consciente, qui se mettrait à parler. C'est un des effets de ce qu'on appelle l'Entropie. Cela n'arrive pas souvent mais cela n'est pas impossible, dit Boltzmann. Ce n'est pas contraire aux lois de la nature. C'est donc ce genre de créations spontanées des cerveaux de Boltzmann.
Des cerveaux qui peuvent se former, spontanément, comme ça, à partir de rien. Selon la théorie de Boltzmann : une boule de pétanque peut se transformer soudain, alors que vous venez de la lancer en l'air, votre boule peut se transformer soudain en une tente Quechua 2 secondes, et se transformer soudain en une Fiat 500, et se transformer soudain en entité vivante, oui votre boule, alors que vous venez de la lancer en l'air, après avoir pris la décision plus ou moins judicieuse de tirer alors que tout le monde vous encourageait à pointer, votre boule peut se transformer soudain en Karl Marx, oui vous aurez là un Karl Marx au milieu de votre jeu de boules ; comprendre la possibilité de cette transformation, croyez-moi, c'est capital. Tout peut arriver, toute chose soudain peut se changer en une entité vivante, un morceau de fromage peut prendre la parole, un morceau de Munster peut devenir Président de la République, un Chabichou, Miss France, voire Miss Univers, une bûchette de chèvre, jouer dans la cour d'honneur du Palais des Papes au Festival d'Avignon ; à guichet fermé jusqu'à la fin du monde.
La vie n'est pas ce qu'on nous fait croire, dit Boltzmann. Alexander Vilenkin, un autre physicien très célèbre, qui a travaillé avec Andreï Linde au développement de la théorie de l'inflation sur laquelle on reviendra plus tard, a confié un jour à un journaliste : « Pourvu que nous ne soyons pas des cerveaux de Boltzmann, mais c'est difficile à prouver. » Si une boule de pétanque ou une bûchette de chèvre est capable de se transformer spontanément en une entité consciente, qu'est-ce qui me prouve que je n'étais pas moi-même, il y a cinq minutes, une bûchette de chèvre ou une boule de pétanque ? Ou, allons plus loin, qu'est-ce qui me prouve que je ne suis pas un cochon ? Vilenkin ne voulait pas effrayer les journalistes. En fait, c'est impossible à prouver. On ne pourra jamais vraiment en être sûrs. Nous sommes tous des cochons. Nous sommes tous tiraillés entre le cochon et l'homme, entre la boule et l'esprit. Être et ne pas être, telle est la réponse. Nous sommes tous ce que nous ne sommes pas.
Il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse se lever et regarder le ciel, il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse se lever et regarder le ciel et ressentir des choses extraordinaires, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro car dans ce zéro il y a vraiment tout un tas de choses, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro car dans ce zéro il y a tout un tas de choses marrantes et tout un tas de choses pas marrantes du tout, il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse penser à ça, qu'un rigolo comme moi puisse regarder le ciel et penser à tout un tas de choses marrantes et de choses pas marrantes du tout, et puisse ressentir des choses extraordinaire, comme si sa peau touchait le ciel, comme si sa peau de rigolo pouvait toucher le ciel, et ressentir tout ça, et sentir toutes ces choses vibrer là ce matin dans le ciel dans la lumière, toutes ces choses marrantes et pas marrantes, tous ces points de contact avec l'univers, tous ces points qui forment un toit, tous ces points qui forment un tas, tous ces points qui forment un tas de copainscopines, tout ce tas de copainscopines qui vibrent dans le ciel, tous ces copainscopines qui vibrent là ce matin comme si je pouvais toucher leur peau, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse toucher tout ça, puisse être touché comme ça par ça, un rigolo comme moi, dans le ciel, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse sentir l'univers vibrer, puisse ressentir ça, ce matin en pyjama, juste en ouvrant la porte du salon, juste en ouvrant ses yeux dans la lumière du soleil, juste en entrant en pyjama dans la lumière du soleil dans le salon, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse vibrer avec le meilleur et le pire de ce monde ce matin, et toucher le toit du monde comme s'il avait des ailes, comme s'il pouvait s'envoler et rejoindre tous ces copainscopines, tous ces points vibrant au-dessus du monde, morts et vivants, tous ces copainscopines sur le toit du vivant au-dessus de lui.
Vilenkin, sa vie c'est quelque chose.
Le KGB frappe à sa porte alors qu'il est encore à l'Université. Bonjour, dit Vilenkin. Bonjour Monsieur Vilenkin, on a un job pour vous. Ah oui, c'est quoi ce job ? Oh, c'est très simple et ça paie bien : ça consiste à dénoncer tous vos amis, à dénoncer tous les membres de votre famille, ainsi que votre petite amie. Vilenkin dit : Euh, laissez-moi réfléchir une minute. Il réfléchit deux secondes : Euh, non, désolé, j'ai bien réfléchi, ça ne m'intéresse pas, au-revoir.
Du coup, ils le mettent sur une liste noire, une liste bien bien noire, oui une liste bien bien bien noire, oui très noire même, très très très très noire, oui l'une des listes les plus noires qui soient, la liste noire sur laquelle il ne vaut mieux pas que vous vous retrouviez si vous ne voulez pas que vos perspectives d'avenir s'obscurcissent et deviennent elles aussi très très très très noires, oui je dirais même plus : très très très très noires. Vilenkin, c'est du qui-devient-vraiment-très très très très noir, son avenir, Vilenkin, ça devient noir de chez noir, ça devient noir de chez noir de chez noir de chez noir son avenir, puisqu'on lui interdit de devenir professeur et d'exercer tous types de profession intellectuelle. Le seul job qu'il trouve finalement, et ce n'est pas une blague, le seul job qu'il parvient à trouver c'est : gardien de nuit dans un zoo au nord de l'Ukraine.
Gardien - de nuit - dans un zoo - au nord de l'Ukraine.
Tiens, ça me rappelle la première fois que je me suis inscrit au Pôle Emploi. Le Pôle Emploi soutraitait déjà ses formations. Une formatrice employée par une entreprise obscure dans des bureaux obscurs dans la ville assez obscure elle-même bien que très sympathique de Besançon, en Franche-Comté, cancoillote saucisson, avait pour mission de m'apprendre à rédiger un CV, une lettre de motivation et à faire leurs recherches d'emploi en ligne, sur le site du Pôle-Emploi, enfin à l'époque c'était l'ANPE : l'Agence Nationale Pour l'Emploi mais c'est pareil, c'est-à-dire qu'en fait y a pas d'emploi.
Pour me faire une démonstration, elle rentre tous les critères et les mots-clefs nécessaires, correspondant à ma situation et aux études que j'ai faites : j'ai un bac scientifique et j'ai étudié la philosophie à l'Université. Elle s'applique. Elle est très sympathique. Elle lance la recherche. Le premier résultat qui sort de la machine c'est une offre pour être : DRESSEUR D'ANIMAUX DANS UNE FERME EXOTIQUE DU SUD DE LA FRANCE. DRESSEUR D'ANIMAUX - DANS UNE FERME EXOTIQUE - DU SUD DE LA FRANCE. 100% authentique. Je ne plaisante pas. Au Lycée : Bac scientifique, spécialité techniques de l'ingénieur avec une option mathématiques intensives. Au Bac : 19 en Maths, 17 en Physique et 19 en Lettres. A l'Université : DEUG de philosophie (Bac+2), spécialité philosophie des sciences. Et ce qui sort, la première offre sur laquelle elle tombe, elle en a d'ailleurs honte elle-même, et parce qu'elle est gênée elle se met à rire aux éclats en lisant à haute voix : Monsieur, on vous propose de devenir :
DRESSEUR D'ANIMAUX - DANS UNE FERME EXOTIQUE - DU SUD DE LA FRANCE.
Et si c'était vrai ? Et si c'était pour ça que j'avais finalement décidé de venir m'installer dans le sud de la France ? Et si j'étais dresseur d'animaux exotiques dans un univers parallèle ? Et si la raison pour laquelle il y avait tant de chômage c'était que les ordinateurs du Pôle Emploi étaient branchés sur des univers parallèles et qu'ils nous proposaient des offres venant d'ailleurs et pas les postes à pourvoir dans ce monde-ci ? Et si, dans ce monde-ci, il y avait assez de travail pour tous et que nous étions tous en train de chercher du travail dans un autre monde ?
Donc c'est Vilenkin qui est gardien de nuit dans un zoo au nord de l'Ukraine. Mais en fait, son job, ce n'est pas garder le zoo, c'est surveiller la buvette, surveiller la nuit un kiosque qui la journée vend de l'alcool aux visiteurs du zoo. Oui, en Ukraine on vole plus facilement des bouteilles de vodka que des portées de macaques. Et Vilenkin, comme je l'ai dit, c'est un génie. Donc il a une idée de génie. Quelle est la meilleure manière de s'assurer que personne ne volera une bouteille d'alcool ? Et bien c'est de la boire ! Donc Vilenkin se retrouve à boire toute la nuit et à divaguer entre les girafes fan des Beatles et les tigres de Sibérie qui reprennent Les Choeurs de l'Armée Rouge. Vilenkin avait une arme mais il ne savait pas s'en servir. Encore heureux ! Sinon, ivre mort, il aurait été capable de tirer sur un pauvre morse innocent sur l'immense canine de vampire aquatique duquel la balle aurait été capable de ricocher et de toucher Vilenkin en plein coeur. On aurait perdu l'un de nos plus grands physiciens. En 1976, heureusement, on lui donne l'autorisation d'émigrer. La légende dit que ce sont les animaux eux-mêmes qui contactèrent l'ambassade. Le physicien part pour les Etats-Unis, le pays où les morses tirent les premiers, et va se consacrer au développement de la théorie de l'inflation aux côtés de Andreï Linde. Vilenkin a une idée révolutionnaire. Comme Newton, sauf que lui ce sont des animaux qui lui sont tombés sur la tête. En étudiant les premiers instants du Big Bang, Vilenkin arrive à cette conclusion: la force d'une puissance inouïe qui a dilaté notre univers de départ, pendant la période que l'on nomme inflation, laquelle inflation a été conceptualisée en partie par Andreï Linde, cette force d'une violence inouïe n'a pas créé qu'un seul univers mais plusieurs. Selon les observations récentes qui ont permis de vérifier l'expansion de l'univers et de quantifier son accélération, on estime que la force d'inflation a été d'une puissance telle qu'elle a été en mesure de provoquer non pas un mais plusieurs Big Bangs, voire une infinité de Big Bangs, voire même qu'elle en produit encore et qu'il est possible qu'elle revienne un jour dilater chaque atome de notre univers pour faire naître de nouveaux univers à partir de rien, ou presque, et provoquer ainsi la fin du nôtre. La fin du monde, ou presque. C'est ce que Vilenkin nomme les univers-bulles. Ou mousse d'univers. Après le grand architecte : le micro-brasseur. « Il existe d'innombrables Big Bang dans des lieux éloignés, dit Vilenkin. Beaucoup ont eu lieu dans le passé, mais beaucoup se produiront dans le futur. Ils font naître des régions qui ressemblent en partie à notre Univers mais sont en partie totalement différentes. Ce processus ne s'arrête jamais », déclare Alexander Vilenkin, dans Les Univers parallèles (du géocentrisme au multivers) de Tobias Hürter et Max Rauner
Il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse se lever et regarder le ciel, il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse se lever et regarder le ciel et ressentir des choses extraordinaires, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro car dans ce zéro il y a vraiment tout un tas de choses, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro car dans ce zéro il y a tout un tas de choses marrantes et tout un tas de choses pas marrantes du tout, il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse penser à ça, qu'un rigolo comme moi puisse regarder le ciel et penser à tout un tas de choses marrantes et de choses pas marrantes du tout, et puisse ressentir des choses extraordinaire, comme si sa peau touchait le ciel, comme si sa peau de rigolo pouvait toucher le ciel, et ressentir tout ça, et sentir toutes ces choses vibrer là ce matin dans le ciel dans la lumière, toutes ces choses marrantes et pas marrantes, tous ces points de contact avec l'univers, tous ces points qui forment un toit, tous ces points qui forment un tas, tous ces points qui forment un tas de copainscopines, tout ce tas de copainscopines qui vibrent dans le ciel, tous ces copainscopines qui vibrent là ce matin comme si je pouvais toucher leur peau, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse toucher tout ça, puisse être touché comme ça par ça, un rigolo comme moi, dans le ciel, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse sentir l'univers vibrer, puisse ressentir ça, ce matin en pyjama, juste en ouvrant la porte du salon, juste en ouvrant ses yeux dans la lumière du soleil, juste en entrant en pyjama dans la lumière du soleil dans le salon, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse vibrer avec le meilleur et le pire de ce monde ce matin, et toucher le toit du monde comme s'il avait des ailes, comme s'il pouvait s'envoler et rejoindre tous ces copainscopines, tous ces points vibrant au-dessus du monde, morts et vivants, tous ces copainscopines sur le toit du vivant au-dessus de lui, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse ressentir des choses comme ça et se mettre à voler comme si c'était vrai, comme s'il yavait une fusée cachée dans son pyjama, une fusée faite pour lui, une fusée faite sur mesure pour un rigolo, une fusée qui rigole, comme dans un film de Méliès, une fusée en pâte à modeler, une fusée rigolote, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse être aussi un astronaute, ou un astronote si vous préférez avec mon accent de franche-comté, mon accent suisse, mon accent belge, comme vous voulez, c'est marrant de penser que tout ça puisse exister, tout cet univers rigolo, tout cet univers en forme de pyjama, c'est marrant de penser à ça, de penser et de voler dans le ciel, c'est marrant de faire le rigolo dans cet univers dont l'énergie totale est égale à zéro.
Je sais que je ne devrais pas toujours parler de moi. Surtout quand je parle de science. L'univers est infiniment grand et moi je suis infiniment petit. Mais en même temps, relier l'infiniment grand et l'infiniment petit, n'est-ce pas le but de la physique ? Alors, puisque finalement ça me semble nécessaire, laissez-moi vous raconter ceci...
Bien souvent, quand je suis dans une fête qui bat son plein, le temps soudain s'arrête, un tout petit instant se dilate soudainement, oui un tout tout petit instant, oui un tout tout tout petit instant, oui un tout tout tout tout petit instant, oui un tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout petit instant se dilate pour prendre des proportions gigantesques. C'est d'ailleurs comme ça qu'Alexander Vilenkin décrit la naissance de l'univers, de celui-ci, du nôtre et de tous les autres. Un tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout, oui un tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout petit instant qui se dilate pour prendre des proportions gigantesques sous l'effet d'une force, qu'il appelle la force d'inflation, qui a permis lors du big bang à la matière de passer de rien du tout à l'infini. Et cette force pourrait très bien revenir nous rendre visite de nouveau, dit Vilenkin, dilater cette fois le moindre petit atome de notre univers pour lui donner des proportions gigantesques et faire naitre de nouveaux univers- bulles en causant la fin du nôtre.
Quand je suis dans une fête, il y a toujours un moment où le temps s'arrête mais heureusement ce n'est pas la fin du monde. Le temps s'arrête juste pour moi. Je continue à voir les autres bouger autour de moi, à les voir se déplacer bizarrement. Ils bougent vraiment très bizarrement. J'ai arrêter de boire de l'alcool pendant un moment, je ne buvais que du Perrier, et ça me faisaient le même effet. Ils sont là à défier la gravité, à se déplacer autour de moi et à me trouver bizarre, c'est le comble, c'est eux qui me trouvent bizarre. On dirait une rencontre du troisième type. Oui, ça doit ressembler à ça une rencontre avec une civilisation extraterrestre. Quand vous ne buvez pas dans une soirée, les gens qui boivent autour de vous, passée une certaine heure, sont comme des extraterrestres, ils ne sont plus du tout dans le même espace-temps. Ils ne peçoivent plus du tout les choses comme vous. Vous êtes dans deux espace-temps différents. Là, c'est pareil. A chaque fois, quand je me retrouve dans cette situation, que le temps s'arrête soudain, que la musique passe sur pause, que Les Lacs du Connemara de Michel Sardou s'arrêtent soudain, que les vagues à la surface des Lacs du Connemara freeze soudain comme on dit en Anglais, et qu'un tout petit instant se dilate soudainement, oui un tout tout tout petit instant, oui un tout tout tout tout petit instant, oui un tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout petit instant se dilate pour prendre des proportions gigantesques, c'est d'ailleurs comme ça qu'Alexander Vilenkin décrit la naissance de l'univers, de celui-ci, du nôtre et de tous les autres, qu'un tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout, oui un tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout tout petit instant qui se dilate pour prendre des proportions gigantesques, à chaque fois que ça m'arrive dans une fête, alors que la fête bat son plein, avec tous ces extraterrestres qui bougent très bizarrement autour de moi, à chaque fois alors je décide de me faire ma fête, seul dans ma tête, je me fais une fête pour moi-même, une fête pour moi-même dans ma tête, une fête pour Boris et ça ressemble à une conférence, oui c'est une conférence que je donnerais là au milieu de la fête, alors que tout le monde danse, c'est comme si moi je donnais une conférence à tous ces extraterrestres, une conférence sur l'origine de l'univers justement, c'est comme si toutes les civilisations de l'espace étaient réunies, là, pour assister à ma conférence.
Alors que la fête bat son plein, moi je suis dans ma bulle en train de faire ma conférence à tout l'Univers (et même plus). Mes yeux projettent des images dans l'espace, mon diaporama me sort directement des yeux. Les hommes pensaient, jusqu'en l'an 1000, que c'était comme ça que ça fonctionnait. Qu'il y avait une sorte de rayon lumineux, comme un rayon laser, qui sortait des yeux pour rendre le monde visible. Ce n'est qu'en l'an 1000 qu'un scientifique arabe de génie : Ibn Al-Hazein découvre que c'est le contraire. C'est la lumière du monde qui pénètre les yeux et s'imprime sur la rétine. Ibn Al-Hazein a permis à la science de faire un bond de génie. A cette époque les révolutions scientifiques ont lieu en Irak et en Iran. C'est de ça dont je parle dans ma conférence parrallèle que je fais à chaque fois dans ma tête dans les fêtes auxquelles je suis invités : des révolutions arabes et aussi de la formidable invention d'Ibn Al-Hazein, qui sera hélas détruite et enterré par le calife de l'époque parce qu'il pensait que cette invention, qui fascinait, pouvait faire concurrence à son pouvoir, je veux parler : du cinéma. Ibn Al- Hazein ouvrit un cinéma en l'an 1000. Il construisit une camera obscura ; était-ce la première de l'histoire de l'humanité, cela reste à voir : il est en effet possible que le procédé de la chambre noire ai été découvert dès la préhistoire dans les tentes du néolithique. Ibn Al-Hazein en tout cas en l'an 1000 fit un trou dans une tente et la lumière du soleil s'y infiltra, et projeta à l'intérieur des images inversées du dehors, de la ville, de la nature, des gens qui passaient. Le bruit se répandit très vite et tout le monde faisait la queue pour assister au spectacle. Jusqu'à ce que le calife fasse détruire la tente d'Ibn Al Hazein et oublier cette prodigieuse invention. Les hommes oublièrent l'idée de la camera obscura pendant près de 500 ans. Ce n'est que 500 ans plus tard que l'idée fut redécouverte par Leonard de Vinci et Daniel Barbaro. Et que l'on convia de nouveau le public à entrer dans le rêve. Voilà ce dont je parle dans ma conférence au milieu de la fête qui bat son plein : du rêve, d'entrer dans le rêve et plus particulièrement dans certains rêves que je fais.
Et avec mes yeux, je projette cette image :
Il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse se lever et regarder le ciel, il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse se lever et regarder le ciel et ressentir des choses extraordinaires, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro car dans ce zéro il y a vraiment tout un tas de choses, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro car dans ce zéro il y a tout un tas de choses marrantes et tout un tas de choses pas marrantes du tout, il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse penser à ça, qu'un rigolo comme moi puisse regarder le ciel et penser à tout un tas de choses marrantes et de choses pas marrantes du tout, et puisse ressentir des choses extraordinaire, comme si sa peau touchait le ciel, comme si sa peau de rigolo pouvait toucher le ciel, et ressentir tout ça, et sentir toutes ces choses vibrer là ce matin dans le ciel dans la lumière, toutes ces choses marrantes et pas marrantes, tous ces points de contact avec l'univers, tous ces points qui forment un toit, tous ces points qui forment un tas, tous ces points qui forment un tas de copainscopines, tout ce tas de copainscopines qui vibrent dans le ciel, tous ces copainscopines qui vibrent là ce matin comme si je pouvais toucher leur peau, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse toucher tout ça, puisse être touché comme ça par ça, un rigolo comme moi, dans le ciel, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse sentir l'univers vibrer, puisse ressentir ça, ce matin en pyjama, juste en ouvrant la porte du salon, juste en ouvrant ses yeux dans la lumière du soleil, juste en entrant en pyjama dans la lumière du soleil dans le salon, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse vibrer avec le meilleur et le pire de ce monde ce matin, et toucher le toit du monde comme s'il avait des ailes, comme s'il pouvait s'envoler et rejoindre tous ces copainscopines, tous ces points vibrant au-dessus du monde, morts et vivants, tous ces copainscopines sur le toit du vivant au-dessus de lui, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse ressentir des choses comme ça et se mettre à voler comme si c'était vrai, comme s'il yavait une fusée cachée dans son pyjama, une fusée faite pour lui, une fusée faite sur mesure pour un rigolo, une fusée qui rigole, comme dans un film de Méliès, une fusée en pâte à modeler, une fusée rigolote, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse être aussi un astronaute, ou un astronote si vous préférez avec mon accent de franche-comté, mon accent suisse, mon accent belge, comme vous voulez, c'est marrant de penser que tout ça puisse exister, tout cet univers rigolo, tout cet univers en forme de pyjama, c'est marrant de penser à ça, de penser et de voler dans le ciel, c'est marrant de faire le rigolo dans cet univers dont l'énergie totale est égale à zéro, et en même temps c'est fascinant, c'est fascinant de penser à ce qu'on peut faire dans cet univers, à tout ce qu'on peut faire, de pire comme de meilleur, dans un univers dont l'égergie totale est égale à zéro, dans un univers qui est né de RIEN, c'est marrant de penser à tout ce qu'on peut faire dans RIEN, c'est marrant de penser à tout ce qu'on peut faire de RIEN, c'est marrant de penser à tout ce qu'on peut faire de mal et de bien, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse penser à ça, alors qu'un rigolo comme ça ça devrait que rigoler, du moins c'est ce qu'on se dit, on se dit qu'un rigolo ça rigole, on se dit qu'un rigolo ça doit rigoler, alors qu'en fait un rigolo ça s'envole, alors qu'en fait un rigolo ça va toucher le ciel.
Il y a deux rêves que je fais régulièrement. Le premier c'est celui où je mange des bretzels avec Spinoza. C'est tout. Je suis là et je mange des bretzels avec lui. C'est assez agréable comme sensation. On est en hollande, dans un coffee shop et on mange des bretzels. Du coup, il m'est déjà venue l'envie, à plusieurs reprises, presque aussi souvent que je fais ce rêve, de monter une entreprise qui commercialiserait des bretzels avec à l'intérieur des messages, comme dans les célèbres biscuits chinois : les cookies de la fortune. Les miens s'appelleraient des Spinozel, des Spinoza-Bretzels. Et à l'intérieur, il y aurait des messages du genre : "Dieu est la nature", "Dieu est tout ce qui arrive", "Vive l'immanence", "Le Grand Architecte n'existe pas" ou "La vie est une piste de danse et tu es le DJ".
Il y a un autre rêve que je fais souvent. Dans ce rêve, je participe à un concours dans le genre de La Nouvelle Star. Mais pour devenir comique. Et Vilenkin est dans le jury. Je le reconnais tout de suite, il boit une grosse bière, il a une grosse mousse devant lui, oui une grosse une très grosse une très très grosse mousse, oui une très très très très grosse mousse est posée devant lui, et la mousse déborde complètement, il a la tête posé dessus, la tête posée sur la mousse, comme sur sa mousse d'univers, la mousse de sa théorie. Et il y a tout un tas d'animaux autour de lui. En fait, dans le public, il n'y a que des animaux. Et Vilenkin est seul dans le jury, entouré de tous les animaux du zoo genre l'Arche de Noé.
"Za zdarovié!" me lance le physicien. "Quoi?" je lui dis. "On dit Za zdarovié en russe pour dire "à la vôtre", Nasdrovia c'est polonais", il m'explique. Dans mes rêves c'est doublé en français, c'est plus commode. Il me fait comprendre que c'est mon tour. Il me demande de tirer des cartes au hasard où sont inscrit des noms de personnages. L'épreuve est simple : à partir des personnages, il faut inventer une blague et faire rire le public sachant qu'il est composé d'otaries, de macaques et d'éléphants. Je suis là, sur scène, et tous les animaux du zoo me regardent. Il n'y a pas que des otaries et des macaques, il y a des biches, il y a des phoques, il y a un peu de tout. Et tout le monde attend que je sois drôle...
Pierre Rhabi et la courge
C’est Pierre Rhabi et une courge qui sont dans un night-club. Pierre Rhabi dit à la courge : “J’en ai marre de tous ces connards qui veulent me piquer mon fric.” “Laisse tomber, dit la courge, moi ce que je te propose c’est qu’on se dirige vers la sobriété heureuse en se pétant un bon gros magnum de Jack !” “Ah je suis désolé, dit Pierre Rabhi, y a plus que du Chivas.” “Ah bon, comment tu sais ça ?” demande la courge. Et Pierre Rhabi de répondre : “Ici c’est mon night-club associatif.” “Non tu déconnes ? T’as pas le look du mec qui tient une boîte de nuit.” “Oh mais ça c’est les bretelles, dit Pierre Rhabi à la courge, ça c’est les bretelles, oh oui, dit Pierre Rhabi à la courge, ça c’est les bretelles, c’est fait par un pote chez Apple que j’ai rencontré à Ibiza, regarde, si je les enlève, mon pantalon et ma chemise de vrai paysan se replient automatiquement.” “Tu déconnes Pierrot, dit la courge à Pierre Rabhi, tu te prends pour Rabbi Jacob, t’as bu tout le Jack ?” “Non, regarde.” Pierre Rhabi déclipse ses bretelles, son look de vrai paysan se replie automatiquement et... dessous... apparaît... sous les yeux ? de la courge qui d’habitude n’a pas d’yeux... mais là c’est tellement fou incroyable invraisemblable qu’elle n’en croit pas ses yeux donc du coup elle a des yeux... le look vrai paysan sobriété heureuse se replie automatiquement, Pierre Rhabi se rhabille quoi, et sous son costume de Pierre Rhabi, la courge voit apparaître le t-shirt F*** ME I’M FAMOUS d’un très... célèbre... DJ... et la courge estomaquée, alors que d’habitude elle n’a pas d’estomac, la courge n’en revient pas... non elle n’en revient pas... Pierre Rhabi en fait c’est David Guetta.
Le poulet, la banane et le street-artiste
C’est un poulet, une banane et un street-artiste particulièrement poilu qui sont dans une brasserie artisanale. La banane demande au street-artiste : “Tu peins quoi en ce moment ? Enfin, tu peins où ?” Et le street-artiste de répondre : “Je peins rien nulle part, je peux pas, j’ai trop de poils, je me prends les pieds dedans, je tombe.” “Ah mince, dit le poulet qui écoutait la conversation. Et depuis quand ça t’arrive ?” “Oh, je suis né comme ça”, dit le street-artiste. “T’as jamais rien peint alors ?” demande la banane. “Non.” “Mais qu’est-ce qui t’a fait connaître alors ?” demande le poulet. Et le street-artiste de répondre : “Je rase les murs.”
La tête à Karl Marx
C'est un mec qui invite ses collègues à venir passer la soirée chez lui. Ce soir-là, c'est l'Eurovision. Alors ils ont décidé de regarder ça chez le mec en mangeant des pizzas. Les collègues arrivent, les collègues sont là, pizzas. Le mec, lui, a acheté à boire. L'Eurovision commence. On entend le générique de l'Eurovision. Les poils se hérissent. “On va bien rigoler, putain regarde-moi ces tarés”, dit l'un d'eux. En passant, le mec qui a invité ses collègues sait même plus de quel job ce sont ses collègues. Il arrive pas à se souvenir. Il y va pourtant tous les jours mais là il a un trou noir. Il est même plus du tout sûr que ce soient ses collègues. Mais bon, ce n'est qu'un détail. “Regarde- moi ça, reprend le collègue, oh putain un groupe de metal suédois, on va pas s'ennuyer. AHAHAHAHAH !” Mais manque de pot, c'est à ce moment-là qu'Internet plante. La tête de Karl Marx apparaît soudain sur l'écran de l'ordinateur. Le mec n'a pas de télé donc il regarde son ordi. Et là y a la tête à Karl Marx qui vient d'apparaître. C'est la panique dans l'appartement. Les collègues recrachent leur pizza et se mettent à hurler. “La tête à Karl Marx ! La tête à Karl Marx !” Ils sont morts de trouille. Ils vomissent leur pizza sur le faux tapis persan du mec. “Mon dieu ! Putain ! Mon dieu ! What the Fuck ! What the Fuck !” “C'est rien, dit le mec, c'est rien, c'est mon fond d'écran !” Mais personne l'écoute. Ils sont debout sur le canapé comme sur un radeau. Ils voient la tête à Marx, ils hurlent. “AAAAAAAAAAH !!!! AAAAAAAAAAH !!!!! What the Fuck ! Oh merde ! C'est la fin du monde, ça y est ! On est foutus ! AAAAAAAAAAAAH !!!! AAAAAAAAAH !!!!!” Tous les collègues sont perchés sur le sofa en mode apocalypse. Ils regardent la tête à Marx et répètent : “On va tous crever !! On va tous crever !! C'est la fin du monde !!!!!!!!! On va tous crever !! On va tous crever !!” L'un d'eux part en solo : “Y vont nous prendre notre voiture et notre CB ! On pourra plus payer en ligne on est foutus ! Ils vont tout nationaliser, y aura plus de pizzas ! Les cadeaux à noël ils seront en bois, on va crever, on est foutus !!!!” “Mais non, c'est rien, dit le mec, c'est mon fond d'écran, c'est juste mon fond d'écran”, mais personne ne l'écoute. Tous les collègues debout sur le sofa du mec se tiennent dans les bras les uns des autres en hurlant : “C'est la fin du monde c'est foutu c'est la fin du monde !!!!! Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision...”, on dirait qu'ils ont vraiment péter les plombs. Ils se mettent à répéter en boucle la même chose, “Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision...”, formant un unique paquet de chair apeurée plantée sur le sofa du mec comme un tartare de boeuf tenté par la psychanalyse, “Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision Karl Marx Eurovision...” MAIS ARRETEZ BON SANG PUISQUE JE VOUS DIS QUE C'EST MON FOND D'ECRAN !” crie le mec à ses collègues. L’un d’eux descend du sofa. “T'aurais pas pu le dire plus tôt ???? Ton fond d'écran ?????” Les collègues se prennent dans les bras pleurent rigolent vomissent se marrent tout à la fois ; et reprennent un bout de pizza. “Putain tu nous as foutu les jetons !! T'es fou ou quoi ?? Pourquoi pas Staline pendant que tu y es ????” “Staline, non, dit le mec, mais parfois Lénine, j'alterne.” “Lénine ???? Non mais t'es vraiment con ou quoi ??” “Quel con ! Non mais quel con !” hurlent en boucle ses collègues en pleurant en mangeant de la pizza en se prenant dans les bras en s’embrassant avec l’huile piquante et tout comme après une victoire à la coupe du monde. Le mec au fond d’écran marxiste léniniste ne répond pas. Les collègues s’essuient le visage les yeux la bouche la barbe, se rhabillent, ça ressemble aussi quelque part à une orgie apocalyptique. L’appartement est vide. Karl Marx regarde le mec. Le mec appuie sur un bouton ou deux. Lénine apparaît. “Bande de connards !” se met à hurler le mec tout à coup. “Bande de connards ! Lénine c'est le premier HIPSTER de l'histoire !” Mais ils sont déjà partis, la fête est finie.
Le clown et le policier
C’est un clown et un policier qui sont dans un sac à main. Le policier dit au clown : “Qu’est-ce que vous foutez là ?” “Ben...” “Qu’est-ce que vous faites dans ce sac ? Vous l’avez volé c’est ça ?” “Ben non... Comment voulez-vous que je l’aie volé, je suis dedans... et vous aussi vous êtes dedans je vous ferais remarquer...” “Oui, mais moi c’est normal, dit le policier, je le surveille.” “Vous surveillez ce sac ?” “Oui je surveille le sac de ma femme”, dit le policier. “C’est le sac de votre femme ?” s’étonne le clown. “Oui c’est le sac de ma femme.” “Et elle est d’accord avec ça votre femme ? Elle aime ça que vous soyez dans son sac ?” “Je sais pas, je l’ai jamais vue.” “Vous avez jamais vu votre femme ?” “Ben non, je suis jamais sorti de son sac, si je sors qui c’est qui va monter la garde ?” “Ben justement vous devriez sortir un coup, ça vous ferait du bien, croyez-moi”, suggère le clown au policier. “Ah oui, vous croyez ?” Et c’est là que le policier sort du sac et découvre que sa femme a divorcé il y a dix ans et qu’elle s’est remariée avec... un clown.
Il y a une infinité d'univers et de blagues aussi. Une infinité d'humours avec un s. Humour : un mot qu'on n'a pas l'habitude d'utiliser au pluriel. L'humour tient l'univers. C'est peut-être ça la matière noire. La matière noire, celle qu'on n'a jamais pu capter, comme certaines blagues. Il y a une infinité d'univers et de blagues aussi. Dans tous les univers parallèles, une espèce d'humour parallèle. C'est comme si l'humour lui-même était quantique. Que toutes les blagues pouvaient bifurquer dans une infinité de direction, en même temps, exactement comme une particule quantique.
Il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse se lever et regarder le ciel, il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse se lever et regarder le ciel et ressentir des choses extraordinaires, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro car dans ce zéro il y a vraiment tout un tas de choses, il est marrant de penser que l'énergie totale de l'univers est égale à zéro car dans ce zéro il y a tout un tas de choses marrantes et tout un tas de choses pas marrantes du tout, il est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse penser à ça, qu'un rigolo comme moi puisse regarder le ciel et penser à tout un tas de choses marrantes et de choses pas marrantes du tout, et puisse ressentir des choses extraordinaire, comme si sa peau touchait le ciel, comme si sa peau de rigolo pouvait toucher le ciel, et ressentir tout ça, et sentir toutes ces choses vibrer là ce matin dans le ciel dans la lumière, toutes ces choses marrantes et pas marrantes, tous ces points de contact avec l'univers, tous ces points qui forment un toit, tous ces points qui forment un tas, tous ces points qui forment un tas de copainscopines, tout ce tas de copainscopines qui vibrent dans le ciel, tous ces copainscopines qui vibrent là ce matin comme si je pouvais toucher leur peau, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse toucher tout ça, puisse être touché comme ça par ça, un rigolo comme moi, dans le ciel, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse sentir l'univers vibrer, puisse ressentir ça, ce matin en pyjama, juste en ouvrant la porte du salon, juste en ouvrant ses yeux dans la lumière du soleil, juste en entrant en pyjama dans la lumière du soleil dans le salon, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse vibrer avec le meilleur et le pire de ce monde ce matin, et toucher le toit du monde comme s'il avait des ailes, comme s'il pouvait s'envoler et rejoindre tous ces copainscopines, tous ces points vibrant au-dessus du monde, morts et vivants, tous ces copainscopines sur le toit du vivant au-dessus de lui, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse ressentir des choses comme ça et se mettre à voler comme si c'était vrai, comme s'il yavait une fusée cachée dans son pyjama, une fusée faite pour lui, une fusée faite sur mesure pour un rigolo, une fusée qui rigole, comme dans un film de Méliès, une fusée en pâte à modeler, une fusée rigolote, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse être aussi un astronaute, ou un astronote si vous préférez avec mon accent de franche-comté, mon accent suisse, mon accent belge, comme vous voulez, c'est marrant de penser que tout ça puisse exister, tout cet univers rigolo, tout cet univers en forme de pyjama, c'est marrant de penser à ça, de penser et de voler dans le ciel, c'est marrant de faire le rigolo dans cet univers dont l'énergie totale est égale à zéro, et en même temps c'est fascinant, c'est fascinant de penser à ce qu'on peut faire dans cet univers, à tout ce qu'on peut faire, de pire comme de meilleur, dans un univers dont l'égergie totale est égale à zéro, dans un univers qui est né de RIEN, c'est marrant de penser à tout ce qu'on peut faire dans RIEN, c'est marrant de penser à tout ce qu'on peut faire de RIEN, c'est marrant de penser à tout ce qu'on peut faire de mal et de bien, c'est marrant de penser qu'un rigolo comme moi puisse penser à ça, alors qu'un rigolo comme ça ça devrait que rigoler, du moins c'est ce qu'on se dit, on se dit qu'un rigolo ça rigole, on se dit qu'un rigolo ça doit rigoler, alors qu'en fait un rigolo ça s'envole, alors qu'en fait un rigolo ça va toucher le ciel, alors qu'en fait un rigolo ça pleure, alors qu'en fait un rigolo qui s'envole ça pleure, alors qu'en fait un rigolo en vol ça fait que pleurer, ça pleure beaucoup pendant que ça vole, et en même temps ça pense à toi aussi, en même temps que ça pleure ça pense à toi copaincopine, alors que je vole ce matin comme un rigolo, alors que je suis là dans le ciel en pyjama, à faire mon astronaute, ou mon astronote si tu préfères, je pense à toi aussi, à ta bouille, toi aussi perdu dans ce monde, comme moi, toi et moi perdus dans ce monde, nous deux comme de minuscules points, deux points parmi tant d'autres, tout un tas de points vivants et morts, de copainscopines perdus dans ce monde, tout un tas de points rigolos qui flottent entre la terre et le ciel, comme des boules de pétanque quantiques.
Les particules quantiques, qui sont les briques du vivant, ont la particularité de pouvoir être en plusieurs endroits ou dans plusieurs états en même temps. Elles ne répondent pas aux lois de la physique classique.
C'est pour cela qu'il a fallu au XXème siècle développer une autre physique : la physique quantique, qu'on s'efforce depuis d'articuler avec la première, sans grand succès, les deux semblant contradictoires, incompatibles. Mais ça n'empêche pas la physique quantique d'être présente dans notre vie de tous les jours, sans que, la plupart du temps, nous nous en doutions. La plupart des inventions techniques qui ont bouleversé notre vie quotidienne ces cinquantes dernières sont des applications directes de la physique quantique. Pour certaines, nous les portons sur nous au jour le jour. Quelles innovations techniques doit-on aux découvertes de la mécanique quantique ?
→ Eh bien : rien de moins que les ordinateurs. Les micro- ordinateurs sont le résultat de la miniaturisation des circuits grâce la physique quantique qui a permis l'invention du transistor intégré : un cristal de silicium sur lequel est déposé un nombre gigantesque de transistors semi-conducteurs.
→ Les smartphones utilisent aussi les mêmes technologies. →Ainsi que les écrans plats.
→ La technologie du laser est née de la physique quantique. Elle a de nombreuses applications : dans l'industrie, dans le spectacle (des sons & lumières de la grotte de votre enfance aux shows de Jean-Michel Jarre), on la retrouve dans tous les lecteurs de CD et tous les lecteurs optiques en général et on l'utilise également pour l'observation astronomique, la mesure de distances (on a calculé avec précision la distance Terre-Lune en faisant se réfléchir un rayon laser sur un miroir laissé là par la mission Apollo XI), etc.
→ Les horloges atomiques, basées sur les principes de la physique quantique, sont à la base du système de navigation GPS qui a révolutionné les moyens de transports et la cartographie. Elles permettent une mesure précise du temps.
→ L'IRM, l'Imagerie par Résonance Magnétique, est la combinaison de trois technologies à base quantique : les aimants supraconducteurs, la résonance des protons dans un champ magnétique et les circuits intégrés semi-conducteurs pour la reconstruction d'images.
→ Et pour ce qui est du microscope à balayage électronique : il s'agit là d'un des rejetons les plus précieux de la physique quanqtique. Ce type révolutionnaire de microscope a permis de confirmer la théorie de l'atomisme, dont l'un des plus ardents défenseurs n'était autre que Ludwig Boltzmann lui-même. Grâce à ce microscope, on a pu voir, pour la première fois de l'histoire, un atome, rien de moins, c'est le cas de le dire. Et on a même pu écrire à l'échelle atomique. Tout ceci est très bien résumé dans un court ouvrage du Prix Nobel de Physique 2012, Serge Haroche, intitulé sobrement Physique quantique dont voici un extrait :
« Dans le monde microscopique, on n'accède au concret que par un cheminement ardu que les fondateurs de la théorie [quantique] ont eu à parcourir. Ils ont dû se livrer à un formidable travail de détective, en suivant quelques intuitions géniales suggérées par des observations indirectes du monde microscopique (intuition des ondes de matière avancées par de Broglie en 1923 ou encore celle du principe d'exclusion de Pauli en 1925). Le formalisme mathématique de la théorie s'est ensuite élaboré, en 1925-1926, dans les travaux de Heisenberg, Schrödinger et Dirac. Pour discuter de la théorie nouvelle, ses fondateurs s'appuyaient souvent sur des "expériences de pensées", dans lesquelles ils s'imaginaient manipulant des électrons, des atomes ou des photons dans des situations simples et dépouillées de toutes les complications non essentielles, en essayant d'illustrer directement les notions quantiques et de les mettre à l'épreuve de la logique. [...] De telles expériences apparaissaient d'ailleurs comme totalement irréalisables. Schrödinger, influencé peut-être encore par la pensée de Mach, affirmait jusque vers 1950 que le comportement d'un atome resterait à tout jamais inobservable. Il serait donc stupéfait par les expériences bien réelles de manipulation d'objets quantiques isolés que les progrès de la technologie - établie sur les concepts quantiques - permettent maintenant de réaliser. On peut grâce au microscope à effet tunnel "voir" des atomes et des molécules, les déplacer sur la surface d'un cristal et s'en servir pour fabriquer des structures à l'échelle du milliardième de mètre. Écrits à cette échelle, tous les livres de la Bibliothèque nationale tiendraient sur la surface d'un timbre ! » Serge Haroche, Physique quantique
Vous vous rendez compte ? Tous les livres de la BNF tiendraient sur la surface d'un timbre ! Tous les livres de la BNF tiendraient sur la surface d'un timbre ! Je répète : Tous les livres de la BNF tiendraient sur la surface d'un timbre ! Toute la BNF sur la surface d'un timbre poste ! Toute la BNF sur la surface d'un timbre poste ! Je répète : Toute la BNF sur la surface d'un timbre poste ! Il ne me resterait plus qu'à écrire sur une carte postale : "Bons baisers de La Marelle à Marseille, où je suis en résidence. Bien à vous, signé Boris Crack. PS : vous trouverez toute la BNF en pj (sur le timbre poste)" ; j'inscris l'adresse : Monsieur ou Madame le Ministre de la Culture, Ministère de la Culture, 3 Rue de Valois 75001 Paris, je colle le timbre et voilà, c'est dans la boîte !